ORYNX-IMPROV’ANDSOUNDS just reviewed ALAN WILKINSON & DIRK SERRIES’ One In The Eye double disc release. Lovely. Still available here and here.
Le label a new wave of jazz se développe à un rythme élevé atteignant aujourd’hui le numéro 44 avec ce double album en duo avec le maître de céans, le guitariste belge Dirk Serries et le saxophoniste alto & baryton Alan Wilkinson, aussi clarinettiste basse. J’avais consacré une étude – hommage au contrebassiste improvisateur et compositeur Simon H. Fell, disparu il y a un an et il y était question d’Alan Wilkinson, son compagnon au sein du trio explosif HWF (avec le batteur Paul Hession). Si les fulgurances d’HWF font plus qu’évoquer la musique expressionniste et sauvage de Peter Brötzmann, lorsqu’A.W. est confronté aux guitares acoustiques de Dirk Serries, on a droit à un souffle pastoral, une poésie bucolique (In the Here and Now à la clarinette basse), à un jeu équilibré plein de nuances. Dirk Serries démantibule accords et phrasés en percutant les cordes, tournoyant son plectre entre doigtés crochus du gauche et mouvements incessants sur les frettes avec une certaine logique et une frénésie colloquiale qui peut se rapprocher autant du silence que d’une activité bruitiste. Peut-être aurait-il fallu concentrer tout ce matériau enregistré en studio à Bruxelles (2019) et à l’Hundred Years Gallery (2020) et présenté ici sur deux compacts, sur l’étendue d’un seul CD. Néanmoins, les moments intéressants, poignants ou imprévisibles affluent de toute évidence, comme le n°5 du cd 1 (The Stings of the Flesh) où les morsures extrêmes et acides dans le bec de l’alto strient les froissements et les frictions des cordes contre les frettes. Ou le n°6 (In The Long Run) où le puissant baryton fait mouvoir la pression de l’air dans l’espace du studio alors que le jeu oblique du guitariste dévale les tortueuses courbes de niveau d’une carte topographique de l’imaginaire. L’écriture automatique de la six cordes triturée inlassablement inspire de remarquables et puissants coups de langue, étirements de la pâte sonore et vocalisations graveleuses au saxophoniste, vocalisations dans le bec du sax ou simplement avec son organe vocal débridé. Le CD 2, consacré à un concert enlevé (HYG 1 et HYG 2) retrace l’acuité du dialogue et des interférences partagés entre les deux improvisateurs. La perspective et le flux de l’improvisation en sont sensiblement renouvelés, brouillés, poursuivis sans relâche, ardemment. Une expérience de recherche, un chantier, des signaux de piste, égarements et retrouvailles, manifeste ludique, poésie de l’action – réaction.