JM VAN SCHOUWBURG ANALYSES

An excellent lengthy review by Jean-Michel Van Schouwburg/Orynx-Improv’AndSounds of JACKSON/SERRIES/VANDERSTRAETEN’s DANDELION album. The album is available through our bandcamp store.

Guitare acoustique (Dirk Serries), clarinette (Tom Jackson) et percussions (Kris Vanderstraeten) au menu de Dandelion, la fleur pissenlit dernier-née du label New Wave of Jazz enregistré au Sunny Side Studio à Anderlecht le 6 octobre 2021. Musique improvisée radicale ancrée dans l’écoute mutuelle et l’invention spontanée en utilisant les ressources sonores des trois instruments. Avec son attirail percussif fait maison, ses mini-tambours, métaux rares, une caisse claire, des tambours chinois, râcloirs, objets, moteurs, globe terrestre, pièces métalliques, ressorts, archets, fagot de baguettes disproportionnées, Kris Vanderstraeten personnifie le puriste de la percussion improvisée de l’ère bric-à-brac des Jamie Muir, Terry Day, Paul Lytton et Roger Turner. Il explore les surfaces et recoins de son improbable installation, une œuvre d’art en soi, arpentant secousses, frémissements et silences. Ses frappes menues et discrètes et toutes ses manipulations bruissante d’objets insolites offrent un champ d’action à ses deux acolytes, son volume sonore réduit et la dynamique de son jeu surréaliste contextualisent le modus opératoire du souffleur, majestueux et elliptique et du six-cordistes frénétique. Il faut bien du tempérament à Dirk Serries pour construire sa toile arachnéenne au travers des frettes, clusters volatiles et zig-zags. Striant les cordes d’un plectre ravageur, il fait éclater les armatures harmoniques comme les électrons, protons et neutrons de métaux rares en désintégration kinesthésique. Tournoyant comme un oiseau de proie fait d’air sifflant dans un mystérieux chalumeau, le clarinettiste Tom Jackson projette les volutes chantantes et lunaires au lyrisme oblique et les diffractions de sonorités en lorgnant le fatras bruitiste de ces deux partenaires affairés avec un regard en coin : contraste improbable qui rend leurs pirouettes désopilantes. L’intérêt réside dans les changements de dynamique et les incidences aléatoires ou prises en vol de la configuration interactive, tuilée ou de leurs actions musicales. Actions musicales comme on parlait d’action painting à propos de Pollock. Après la mise en bouche de 1/ Carnation Pink, les choses décollent sérieusement dans le déchaînement pointilliste de 2/ Dandelion, fleur traduite en français par Pissenlit mais dont le nom provient de Dent de Lion, soit en dents de scie – zig-zags entrecroisés et distordus. 3/ Violet Blue entame une autre perspective quasi visuelle, agitatrice, face au jeu flegmatique du souffleur pépiant comme un oiseau, lui-même, face aux facéties des deux autres garnements jusqu’à s’enrhumer le bocal où son anche douce est littéralement torturée ou son aura floutée. 4/ Dark Green enchaîne encore une autre narration bien distincte des précédentes, démontrant ainsi que la musique « abstraite » acquiert sous leurs doigts et avec leur sensibilité toute une imagerie imaginaire et imaginative qu’on n’a aucune peine à reconnaître et identifier d’une improvisation à l’autre. Une ludique fantaisie. Et le finale 5/ Bright Yellow démontre que l’attention des trois improvisateurs à renouveler la trame de leurs inventions est toujours aussi concentrée. Une session eemarquable et très réussie. Signalons sur le même label le trio de Kris Vanderstraeten avec John Russell et Stefan Keune (On Sunday), le duo de Tom Jackson avec le saxophoniste Colin Webster (the Other Lies) en ajoutant que Tom Jackson et Dirk Serries collaborent étroitement avec le violiste (alto) Benedict Taylor : Hunt at the Brook pour le premier et Puncture Cycle pour le deuxième, créant ainsi un esprit de famille ‘nwoj’. Ces quelques titres figureront en bonne place sous le sapin, rien de plus normal pour une musique pointue à aiguilles.